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mardi 2 mai 2017

Le Viol des colombes



Le Viol des colombes

La grande famille, René Magritte (1947-1963)

On ne se soucie pas de ces gens-là.

On n’ignore rien mais on n’en veut pas.

Elle a quinze ans et lui à peine dix.

Du  Pakistan ou de Persépolis,

D’Érythrée, de Somalie, de Syrie,

Ils ont cheminé, ils sont amaigris.



Plus de père, de mère, plus de frère,

Les yeux vides, pieds blessés et sans terre,

Ils se sont trouvés tout près de la mer.

La grande a pris la main du plus petit.

Ils ont sauté dans le canot maudit

Sans savoir, de la traversée, le prix.



La mer les a secoués bien trop fort.

Les hommes ont beaucoup comprimé leurs corps,

Ont voulu les jeter par-dessus bord.

La grande a protégé le plus petit.

Elle leur a dit : « Je le ferai, oui.

S’il le faut, je périrai avec lui. »



Ils ont échoué dans un beau pays,

L’initiateur de la démocratie,

S’ils peuvent croire ce qu’on leur a dit.

Mais on les a triés, parqués, reniés.

Le plus petit a protégé l’aînée

Quand les brutes ont voulu la violer.



Elle a quinze ans et lui à peine dix.

Du  Pakistan ou de Persépolis,

D’Érythrée, de Somalie, de Syrie,

Ils ont cheminé, ils sont amaigris.

On ne se soucie pas de ces gens-là.

On n’ignore rien mais on n’en veut pas.

Céline Roumégoux