Yes, we can !
- Pénurie générale ! Plus
d’électricité, plus de gaz, plus de fuel !
- Heureusement, il y a encore de
l’eau !
- Les récentes inondations ont
rempli les nappes, mais elles sont contaminées.
- Par chance, on a encore de la
javel et des filtres.
- L’inconvénient, c’est que l’eau
n’est pas potable quand même.
- Pas grave, on peut la faire
bouillir, avec des réchauds à gaz : il y a encore des réserves.
- Le problème c’est que les
magasins ne sont plus approvisionnés et que tout est épuisé.
- Il reste le bois qu’il suffit
d’aller ramasser dans les forêts. Ensuite, on bricole un foyer.
- En pleine campagne, c’est
encore possible sinon comment le transporter ? De plus les forêts privées
sont surveillées par des gardes armés.
- On a des réserves de vin, cela
fera l’affaire en attendant.
- Dites cela aux bébés ! Et
lavez-les au beaujolais !
- Vous avez réponse à tout, c’est
désespérant ! Il suffit d’avoir de l’imagination et du courage et nous
trouverons bien le moyen de survivre. Yes, we can, a dit le président noir.
- Il l’a dit, en effet, et à
présent les Américains sont logés à la même enseigne que l’Europe, l’Afrique et
tous les continents. C’est la fin, voyez-vous. Les loups vont se battre et se
manger entre eux et les survivants devront tout recommencer à zéro ou presque.
- Vous êtes alarmiste et
totalement négatif. Il ne faut pas baisser les bras. Nos parents ont connu la
guerre et ils ont survécu.
- Sauf les morts sous les bombes
et dans les camps ! Et vous oubliez que la terre entière n’était pas en
guerre !
- On va s’organiser et partager
ce qu’on a et inventer les moyens de continuer.
- Regardez ce qu’il se
passe : c’est le pillage et le meurtre : la loi de la jungle. C’était
prévisible, non ?
- On peut mettre hors d’état de
nuire les brigands. Cela va être sanglant mais nécessaire dans l’intérêt
général.
- Vous avez vu l’allure des
brigands ? Des mères de famille affolées à l’idée de ne pas trouver de
quoi faire vivre leurs enfants !
- D’accord, il va y avoir une
période difficile. Le temps de tout mettre au point, de retrouver des gestes et
des habitudes perdues mais on y arrivera ; il faut commencer tout de
suite.
Et ils commencèrent, les hommes
et les femmes de l’an neuf. Ils retroussèrent leurs manches. Ils
transportèrent, à vélo, à brouette, à cheval, à chien, à âne, tout ce qu’ils
pouvaient. Ils creusèrent pour dégager des sources. Ils plantèrent des choux et
des raves. Ils élevèrent des poules et des lapins. Ils fabriquèrent des bougies
avec du suif.
Ils étaient revenus cent ans en
arrière !
Et si l’avenir c’était le passé
avec les acquis du présent ?
Comment disais-tu, petit
frère ? Ah oui, on s’en
souvient : yes we can !
Céline (janvier 2009)