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lundi 30 novembre 2015

Le message de l'eau de Eliane Mévouillon, récit

Le message de l’eau


                                                                                    Lac de Côme (Italie)



C’était un jour de novembre, ici …
Un enfant, comme tous les enfants, donnait quelques miettes aux canards du lac de pêche.
Son père tricotait et sa mère titillait le poisson.
Non, c’est tout le contraire, mais qu’importe, le petit jouait et regardait tout de ses yeux innocents.
Le lac, immense, à l’eau transparente, faisait de ses ondes dociles sa vie, sans parler.


Et pourtant…
 

Quelques oiseaux, dans les herbes hautes, donnaient à l’espace leurs chants mélodieux.
Rien ne bougeait.


Et pourtant…

samedi 28 novembre 2015

Coquelicot, un poème de M.S. Amri (et l'origine du Poppy Day)


               Champ de coquelicots, 1890, Claude Monet,
 musée de l'Ermitage, Saint-Pétersbourg


Coquelicot 

Tu es l'indicateur du renouveau.
Au début, tu es vert et tout poilu,
Tête fléchie,
Dans laquelle la corolle est enfouie,
Faisant avec la tige un angle aigu.
Puis, quand la maturité est advenue,
Tes fleurs se dressent, faisant éclore leurs fruits.

mardi 24 novembre 2015

Discours de chien de Lak Bena



LE CHIEN

Un soir d’hiver, la veille de Noël, un homme entra dans une boucherie à Aubervilliers. A Aubervilliers, Saint-Ouen, Asnières ou ailleurs, le lieu n’a pas d’importance. Avant de franchir le seuil, il attacha son chien, un golden-retriever, au pied de la rôtissoire. Le poulet tournait, dégageant une odeur sensible à plusieurs mètres. Le jus coulait et la langue du chien pendait. 



- Mon Dieu ! pensa l’animal. Toutes les histoires passées, présentes et à venir se réduisent à une pièce à deux types de personnages, ceux qui mangent la viande et ceux qui la reniflent. Je me demande où va le monde. J’espère au moins que le patron ne va pas tarder.

Le type ressortit enfin avec un gros panier. Il détacha le chien et s’éloigna. 

- Je suis sûr que ce sera comme d’habitude, reprit le chien, poursuivant le cours de ses pensées… Il mangera la chair tendre et me jettera les os, pour accompagner ces inénarrables boules puantes nommées croquettes, sous prétexte que j’en raffole. Quand il me voit insister sur un os, il croit que je fais durer le plaisir. J’ai tant de fois essayé de lui faire comprendre que c’est faux mais je n’ai pas trouvé les mots qui font mouche. Là, il y a légitimité de mordre. Mais la diplomatie est préférable, je l’amènerai petit à petit à entendre raison. J’avoue toutefois que c’est difficile parce qu’il n’écoute pas ! Il prétend que je répète toujours la même expression et qu’il n’y a aucune variété dans mes propos. Il appelle ça aboiement. Tu parles d’un sens de discernement ! Mais, faut pas perdre espoir, il finira bien par accéder à la richesse de mon langage.

Il se peut aussi qu’il fasse la sourde oreille, l’enfoiré ! Mais, c’est quand même le patron. Ce n’est pas bon de taper sur son patron…

mercredi 8 juillet 2015

Mai 68



 Mai, oui !

 
"Ah ! Ils font peur ! Revoilà 36 ! Cela va mal finir, c’est sûr ! Eteins la radio, bon sang !"

Les pavés qui volent bas, les clameurs, les bousculades et les charges de CRS, c’est sur Europe 1 que cela s’écoute ; c’est la radio de "Salut les copains" ! Sauf que les copains font un sacré chahut, en ce joli mai 68, c’est « la chienlit » dira De Gaulle ! Les cours sont arrêtés, les usines occupées et Dany le Rouge fait trembler la France !

samedi 4 juillet 2015

Histoire à suivre ou à poursuivre ...


La fameuse soirée




Samedi 10 mars 2000. Le fond de l’air est frais à 21 heures dans les alentours de Vierzon. Un manoir fantôme se découpe, sur le bord de la route des Epinettes, dans le faisceau des phares de la Mercédès coupé de Ludovic.
“Tiens, je suis le premier !” peste-t-il, en pilant devant le seuil.
Seule une fenêtre du premier étage est éclairée, les baies du grand salon sont, elles, ténèbreuses !
“Etrange ! C’est pourtant bien le bon jour ? Horreur d’être en avance ... Cet abruti de Robert va se réjouir de ma précipitation. Impossible de repartir, il doit guetter derrière les carreaux. Ce que je peux être niais !”
C’est d’une main rageuse qu’il s’empare du heurtoir et le fracasse contre la porte. Evidemment, un temps infini s’écoule avant que l’ouverture ne se produise. Une vieille femme voûtée, l’air embarrassé, incline la tête et prononce les paroles les plus inattendues : “Vous êtes l’un des invités de la soirée, n’est-ce pas ? Monsieur Tardat m’a chargée de vous dire combien il est désolé : un contretemps l’a obligé à repartir précipitamment et il ne pourra pas vous accueillir personnellement ce soir. Mais, rentrez, Monsieur, et acceptez de prendre une collation, tout a été préparé.”

vendredi 3 juillet 2015

"L'homme bleu" in le recueil Plume bleue de Saliha Ragad



 L'homme bleu



 
Au crépuscule, tu t’assieds au seuil de la porte d’Ajjer,

Toi, l’habitant des dunes,

Sillonnant le jour ton immense désert,

La nuit, tu parles à la lune.



Tu scrutes l’espace de ton bonheur,

Où se cachent du monde toutes les merveilles.

Du coucher du soleil, toi seul connaît l’heure,

Où dans le silence, toutes les beautés s’éveillent.



Venant des fins fonds des âges,

Depuis des millénaires,

A tout moment, des mirages

Te surprennent dans tes itinéraires.

Discours sur la misère, à la manière de Victor Hugo à la chambre des pairs






Messieurs,


Si je monte à la tribune aujourd’hui, c’est pour lancer un cri. Un cri d’indignation, un cri de colère et surtout un cri d’alerte ! Car il y a péril, messieurs ! Notre nation est au bord du gouffre et nous en sommes responsables. Pire, nous sommes coupables. Notre faute se change même en crime. Je ne jouerai pourtant pas le rôle du procureur mais celui de l’avocat. Car ceux dont je défendrai la cause sont abandonnés. Ils sont même montrés du doigt, enchaînés, dépouillés de tout et surtout de leur dignité. Ces hommes, ces femmes et ces enfants, ce sont les misérables. 


Oui, dans notre siècle de progrès, d’industrie et d’essor, il existe des traîne-misère, des malheureux qui croupissent dans des taudis ou dans la rue, qui n’ont pas un quignon de pain pour apaiser leur faim. Et que faisons-nous pour  eux ? Les aidons-nous ? Les défendons-nous ? Non, messieurs, nous les accablons !

mercredi 17 juin 2015

Xena, la guerrière, poésie de Saliha Ragad, in Plume bleue




 Xena, ma rivale temporelle





Tu me dis : "Tu la connais femme fière

Elle  va et vient,

De guerre en guerre,

Arc et épée en main,

Elle  combat toutes les chimères,

Et rien ne lui fait peur ! »

Je te dis : «  ELLE EST FEMME ! »

mardi 16 juin 2015

Le parler des gones



Bienvenue à Myrelingues

Guignol et Madelon

        
         - Arrête de bajafler, fenotte, chasse plutôt les bourrons qui sont sous le lit !

         - Grand marque mal, comment veux-tu que j’y fasse, je me suis pas mise en sale !

         - Au lieu de te petafiner la gaugne comme Carimentran, tu ferais mieux d’y faire, pace que même le miron y n’ose plus se cacher dessous.

         - T’es dur de la comprenette, ça fait deux heures de temps que je me prépare pour aller trabouler à la Croix-Rousse.

         - Ben, il faudra prendre du souci si tu veux attraper la ficelle.

         - Qu’est-ce t’as dans le coqueluchon ? Je vais décaniller, pas la peine de chougner.

vendredi 12 juin 2015

Poésies tendres et tristes







Réveil



Quand le chant du coq, plein de gammes insolentes
Redit l’aube claire des rêves enfantins,
Il vient dans le matin de grandes lueurs lentes
Qui inondent le ciel et chassent les chagrins.


Céline (juin 2003)


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Le temps d’un sourire
En hommage à ma mère

Avant de partir, tu as souri.
Tes yeux brillaient de douces étoiles
Que l’ombre noire couvrait d’un voile.
Avant de gémir, tu as redit :

« Je vous aime, pour toujours et plus. »
Tu attendais là, toute petite,
Aux portes de l’entrée interdite,
Gardée par les anges et Vénus.

Avant d’ouvrir, la fée t’a permis
De tout repasser, tout pardonner,
De tout revoir sans rien oublier.
Avant de dormir, tu as souri.

Céline (19 avril 1999)


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Le pauvre

C'est un large trottoir urbain. Le passant sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens.
Le pavé est luisant et verse dans son ombre
Comme un flot de malheur, l'hymne des indigents.

Céline (juin 2003)


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Le rondeau du délaissé


Comme le destin est cruel

      Nul n’y échappe ou très peu

      Ma mie m’aimait, j’étais heureux

      Pour toujours, je la trouvais belle.



Mais elle ne fut pas fidèle

      Elle me quitta pour un gueux

      Comme le destin est cruel

      Nul n’y échappe ou très peu



Depuis je suis devenu tel

      Que mes amis me trouvent vieux

      J’appelle la mort de mes vœux :

      Elle est compagne plus modèle.

      Comme le destin est cruel





Céline

29 juillet 2003