L’année à masquer
Deux mille vingt, en douce, l’air de rien.
Deux mille vint finir la décennie.
Deux mille, vain espoir pour nous terriens.
Deux mille vainc la joie et s’ingénie
A répandre la terreur et la mort.
On a dit que des pangolins chinois
Avaient fait le coup, Ô mille sabords,
Dans un banal marché, en tapinois !
On a dit : « Ce n’est pas vraiment sérieux,
Ce virus, on ne l’attrapera pas.
Les masques, on ne s’en servira pas.
Chez nous, on a des pontes ingénieux. »
Ils nous disent qu’ils maîtrisent bien tout.
Pas de craintes pour une simple toux.
Depuis, Bergame a enterré des corps,
Des dizaines, des centaines de morts.
La France s’est retrouvée démunie,
De ses vieux, elle a appris l’agonie.
Dehors ! Pas assez de respirateurs,
On fait le tri et les jeunes d’abord.
Puis on confine tous les travailleurs
Pendant que palabre l’état-major
Les masques, on en a vraiment besoin
Mais, comme c’est idiot, on n’en a point.
Tous les soirs, on applaudit l’hôpital
Qui se fout de la charité publique,
Abonné au minimum syndical
Que lui rétrocède la République.
C’est l’été, on se dégourdit l’esprit.
On en profite, on trinque, on batifole.
La camarde, et sa sorcellerie
On en rit et on fait des cabrioles.
Mais arrive octobre et on se repent
Et c’est l’heure du reconfinement.
Tout redevient alors non essentiel
Sauf les vaccins qui sont providentiels.
Noël approche, on nous libère un peu,
Mais ne soyez que six au réveillon.
Pour la saint Sylvestre, c’est couvre-feu
Obéissez, aucune rébellion.
Céline Roumégoux