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vendredi 28 février 2020

Le Plateau Grémone et ses hérissons, poème de Eliane Mévouillon

Le Plateau Grémone et ses hérissons

Photo de  Denis Champollion

Il fait un quinze février de dimanche gris
Mais en atelier-peinture jamais d’ennui…
J’arrive en retard et ce n’est pas banal
Au moment d’une sieste-lecture matinale.
Nous voilà partis sur le plateau Grémone (1)
Situé à Entrevennes, au-dessus d’Oraison.
Passé le village et son cadre merveilleux,
Nous arrivons, enthousiastes, sur les lieux.

Les amandiers, annonciateurs de printemps,
Chargés de fleurs odorantes nous attendent…
Chut, il ne faut surtout pas le répéter
Il nous a fallu couper quelques branchées
Pour reproduire à coup de pinceaux
Qui le bois, qui sa courbe, sa fleur ou son arceau.
Entre bosquets et champs dodelinants,
Notre gigantesque hangar nous attend.


Aquarelle de Jean-Louis Carribou

Nous nous installons contre ses bottes de paille
Pour faire croquis et menue ripaille.
Un petit vent aigrelet souffle, il ne fait pas chaud…
Mais on admire le paysage et on rit tout haut,
Comme des enfants pris en flagrant délit,
Tandis que Jean-Louis
(2) , tel un suricate craintif,
Surveille le moindre bruit de moteur
D’un potentiel garde-champêtre veillant aux fleurs.
 

Pendant ce temps, les nuages se pelotonnent
Et quelques rares rayons de soleil se dégagent,
Nous laissant voir l’éclaircie lumineuse
Et des couleurs de jaune et de vert, radieuse.
Des pointes d’épées tranchent dans l’horizon.
Ce sont les cyprès d’une propriété de renom.


Le café ne suffit pas à nous réchauffer
Nous décidons de rejoindre notre atelier.
Petit arrêt sur le retour à nos arbres fleuris.
Cueillette de thym parfumé, espace à l’envi,
Amandes de la saison passée, restées à terre,
Quelques photos-souvenirs familières.
Alors que le soleil montre le bout de son nez,
Le plateau, habillé de lumière, fait son effet.


Va, que les nouveaux téléphones sont agréables !
« Tom Dooley »
(3) nous réjouit de sa douceur affable.
Nous chantons cette vieille chanson
Et la dansons sur les pas d’un madison.
Endiablés de ce moment inédit et cocasse,
On invente dans l’auto tout un lot de frasques.


Les lavandes grises sont changées en hérissons,
Tous bien rangés en courbe sur les mamelons.
Il y en a des centaines, des milliers, une armée…
Le village et son écrin est bien gardé ! 


On passe l’immense propriété aux cyprès géants,
Celle du secrétaire de l’illustre Aga Khan
(4).
Pour rire, on lui écrit une lettre qu’on dit tout haut,
Chacun inventant un prétexte pour recevoir cadeau.



Et nous voilà arrivés pour finir en peinture,
Aux teintes de roses, les fleurs et ramures,
Pour rendre à Giono ce qu’il avait prévu
De la couleur à Grémone pour habiter l’espace nu.

(Ecrit par Eliane Mévouillon alias Néelia le 19.02.20)


Notes :

(1) Pour l'utopie du plateau Grémone inspiré de Que ma joie demeure, « l'endroit où souffle l'esprit » de Giono, paru en 1935 voir ICI

(2)  Pour Jean-Louis Carribou et  le concept des balades littéraires voir ICI

 (3) Voici la chanson qui nous a été inspirée par la vue d'une amie du groupe qu'on voyait de loin accroupie sous un amandier (pour sûr ramassant des amandes) mais qu'on a imaginée en train de faire une prière ! Spontanément la chanson est venue à ma bouche ! On s'est demandé pourquoi elle était si triste et ce qu'elle pouvait bien raconter. Voici l'explication par Philippe Clay. 


(4) Aga Khan voir ICI